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"Je ne peux plus faire pipi "   >  Rétention urinaire
Mise à jour : juillet 2015


L'anatomie

L’urine fabriquée par les reins doit être acheminée des cavités rénales vers le méat urinaire (verge ou vulve). L'urine du bassinet est d’abord évacuée par l'uretère dans la vessie. La vessie est un réservoir permettant d'attendre le moment propice pour uriner. L'urine empreinte ensuite l'urètre pour être évacuée au dehors. 
 

Les lésions

L'écoulement de l'urine peut être bloqué si un obstacle apparait sur un des uretères ou sur l'urètre. Ce blocage peut survenir brutalement avec douleur ou à bas-bruit insidieusement. Les risques majeurs sont la destruction des reins, la dialyse ou l’infection avec éventuellement choc infectieux.
 

Dilatation des reins compliquant une dilatation chronique de la vessie.

Les mécanismes et les réparations

  • Blocage sur un uretère
En cas de blocage d'un seul uretère, le blocage peut passer inaperçu car l'urine de l'autre rein continue de couler. Le patient le dit lui-même : « Un rein bloqué ? Mais pourtant je continue d’uriner ». 

Brutal
Si un calcul bloque l'uretère brutalement, la douleur est franche et constante. 

Insidieux
S’il s’agit d’une tumeur, la croissance lente de la tumeur provoque sournoisement la dilatation du rein puis sa destruction. 

Dans ces cas, une sonde JFil peut être placée pour lever le blocage (Voir « Calcul urétéral » et « Tumeur sur l’uretère »).


Mise en place de sonde JFil pour un calcul (à gauche) 
et pour une tumeur (à droite)


  • Blocage sur les deux uretères
Si les deux uretères sont bloqués en même temps, c'est l'anurie (absence totale d'urine). C'est une urgence vitale car les toxiques du corps ne peuvent plus être évacués. En particulier, la montée brutale du potassium dans le sang risque de provoquer un arrêt cardiaque.

Souvent insidieux
Il peut s’agir d’un blocage tumoral mais en général, un des reins était déjà bloqué et le blocage soudain du second entraine l’anurie brutale.

Brutal
Il peut s’agir d’un calcul obstruant l’uretère d’un rein unique. L’autre peut être inexistant ou détruit ou encore avoir été retiré auparavant.

Dans ces cas, le patient peut être drainé en urgence par des sondes urétérales voire être dialysé en urgence si le potassium est trop élevé (Voir « Tumeur sur l’uretère »). 
 
 

  • Blocage sur l'urètre
Brutal
En cas de blocage brutal sur l’urètre, la rétention d’urines dans la vessie est douloureuse et nécessite un drainage rapide. Chez l’homme, la cause la plus fréquente est l’adénome de la prostate puis la prostatite. Chez la femme, la rétention brutale est plus rare. Elle peut survenir lors d’une forte constipation par exemple.

En urgence, une sonde vésicale permet la vidange ou en cas d’échec, il est placé un cathéter passant par le bas-ventre. Par la suite le traitement de la cause est proposé. (Voir « Adénome de prostate » et « Prostatite »).

 
Mise en place de sonde vésicale (à gauche) 
et d'un cathéter sus-pubien (à droite)
pour rétention brutale des urines

Insidieux
La réaction de la vessie est imprévisible sur l’obstacle. 

Elle peut paraitre et rester normale. 

Elle peut se muscler face à la résistance que peut lui opposer l’obstacle. Elle finit alors par augmenter son épaisseur comme si on lui faisait faire à chaque miction du "body building".  Cet épaississement diminue l'élasticité de la vessie et sa capacité de réservoir. Le patient même opéré risque de se lever encore trois fois la nuit. C'est une séquelle car l’obstacle est resté trop longtemps obstructif. 

Elle peut enfin se laisser distendre. Elle ne lutte pas ou plus. Elle reste atone et se dilate parfois jusqu'à trois litres. Le patient urine par regorgement. Le trop plein déborde et le patient est souvent incontinent. A un stade plus avancé, il peut apparaître une dilatation des uretères et des reins. Ce stade ultime fini par entraîner une insuffisance rénale. 

Chez l’homme, la cause la plus fréquente de la souffrance vésicale avec rétention chronique insidieuse est l’adénome de la prostate (Voir « Adénome de prostate »). 

Obstruction de la vessie par la prostate chez l’homme

Chez la femme, les descentes d’organes et en particulier de la vessie peuvent entrainer un résidu avec rétention chronique insidieuse (Voir « Descente d’organes»).

Obstruction de la vessie par une descente de vessie chez la femme (effet pelote) 

Que cette rétention soit brutale ou insidieuse, la prise en charge consiste à supprimer l’obstacle. Mais il faut savoir que la vessie et les reins ne récupèreront jamais de la souffrance accumulée. On ne peut qu’arrêter le processus de souffrance. 

Il semble d’ailleurs qu’en France, nous opérons trop tard nos patients prostatiques. En effet, quatre ans après l’opération, un quart des patients ont encore un traitement prostatique. Il est probable que des lésions vésicales irréversibles soient responsables de ces séquelles. Il est donc conseillé au patient de consulter dès les premiers signes pour recevoir un avis sur le risque évolutif de son adénome de prostate. 

Il n’est pas non plus impossible qu’une descente d’organes trop ancienne ait un retentissement vésical définitif. Les femmes seront franchement améliorées par la correction mais garderont par exemple quelques besoins urgents.

Globalement, la résection de prostate ou la cure de la descente d’organe (Voir « Adénome de prostate » et « Descente d’organes ») améliorera ou guérira les signes et permettra souvent une excellente vidange vésicale. 
 

Dans des cas extrêmes, la vessie reste très atone et un résidu persiste. Par exemple, le patient ne reprend pas ses mictions même après un mois d’attente. 
Certains patients ont aussi une vessie atone alors qu’aucun passé particulier n’est à remarquer. 
Il est alors proposé à ces patients des autosondages 3 ou 4 fois par jour et à vie. Le but de cette vidange régulière est de préserver les reins d’une dilatation et d’éviter une infection par stagnation prolongée des urines.

Il est intéressant pour ces patients de savoir qu’il existe une technique chirurgicale peu connue et qui mérite d’être décrite sur ce site. Elle m’a été enseignée par le Dr François-Noël Desfemmes, co-inventeur des sondes JFil et  MiniJFil. 

Cette technique permet aux patients en rétention chronique définitive de reprendre des mictions dans bon nombre de cas. Il s’agit de la plicature de vessie.


La plicature de vessie

  • Résumé des mécanismes menant à cette intervention
La vessie est un muscle permettant la vidange de l’urine.  Parfois, un obstacle survient sur le canal de l’urètre (adénome de prostate chez l’homme, descente d’organe chez la femme). La vessie se contracte en permanence contre un obstacle et peut alors en souffrir. Le muscle peut s’épaissir ou au contraire fondre. Parfois, cette fonte musculaire survient sans obstacle pour des raisons inconnues de la médecine actuelle. Finalement, la vessie ne se contracte plus ou mal et ne se vidange plus. Il existe alors une rétention chronique pouvant faire plus de 2 litres et risquant de mettre les reins en danger. Il est alors logiquement proposé des autosondages mais cette solution est contraignante. 
 
  • Principe de la technique chirurgicale
La plicature de vessie consiste à superposer les couches de la vessie  comme on ferme un paletot. Le volume de la vessie est alors réduit. Les contractions vésicales deviennent plus efficaces car elles s’additionnent. L’abord se fait par une incision dans les poils et le patient sortira avec sa sonde quelques jours plus tard. Il gardera sa sonde 15 jours. Les mictions reprennent souvent ensuite de façon satisfaisante. 

Plicature de la vessie en paletot afin de renforcer l’efficacité de ses contractions. 
A En rouge le muscle de la vessie et en marron la muqueuse au contact de l’urine.
B La paroi droite est réduite et sera rabattue sur la gauche après avoir retiré la muqueuse.
C La paroi gauche est enfin rabattue sur la droite.
D La vessie est réduite et le muscle de sa paroi est renforcée.