Le
« mal aux reins » est très banal. Il s'agit souvent
de douleurs du rachis mais si cette douleur est d'une violence extrême,
elle doit attirer l'attention. En urologie, il s’agit le plus souvent d’une
douleur liée à la distension brutale d'un rein.
Pourquoi
est-il important de ne pas négliger une douleur violente disparaissant
totalement ?
J'attire
l'attention sur deux situations pouvant être fatales pour le rein.
Le
seul moyen de les éviter est de vérifier que le rein est
bien retourné à la normale.
La
première situation est la crise de colique néphrétique
provoquée par le passage d'un calcul dans l'uretère. Ce calcul
bloque brutalement le passage de l'urine. Le rein gonfle. Il s’agit d’une
douleur d’abord très violente. Cette douleur survient par crise.
La douleur peut ensuite être réduite à un « fond
lointain » ou à une « présence » témoignant
de la persistance du calcul.
Le
calcul part le plus souvent en moins de trois jours et le patient se sent
guéri.
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Calcul
urétéral obstruant brutalement le passage des urines du rein
gauche et donnant une douleur vive. |
Un
calcul de moins de 10 mm passe en général seul avec ou sans
médicament. Même plus gros, il peut encore passer. Le rein
ne semble pas souffrir de cette courte crise.
Il
n'en est pas de même si ce calcul est trop gros (plus de 20 mm par
exemple) et en forme de coin. Il peut se bloquer avec impossibilité
de progresser. Le rein ne fabrique plus d'urine et souffre. L'autre rein
continue de fabriquer l'urine et la douleur disparaît alors totalement
sans que le patient se rende compte qu'il n'urine qu'avec un seul rein.
Si
le patient ne consulte pas parce que la douleur "a finalement disparue",
le rein se détruira en trois mois. Heureusement ces calculs dits
"coralliformes" sont rares.
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Gros
calcul fragmenté naturellement et dont la partie inférieure
vient obstruer définitivement le rein gauche. La sécrétion
d'urine de ce coté s'arrête. Le rein droit continue de fabriquer
l'urine. |
Il
est donc justifié de vérifier le retour du rein à
la normale après une crise. On peut réaliser une simple échographie
rénale.
La
seconde situation est la douleur provoquée par un syndrome de jonction
pyélo-urétéral acquis (c'est à dire apparu
récemment).
Il
s’agit d’une anomalie de passage entre le bassinet rénal et le haut
uretère. La contraction de cette jonction ne se fait plus. Le rein
gonfle de plus en plus empêchant l’urine de s’écouler. L’autre
rein permet au patient d’uriner normalement.
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Jonction
pyélo-urétérale droite. La sécrétion
d'urine de ce coté peut s'arrêter. Le rein gauche continue
de fabriquer l'urine. |
Parfois,
Cette hyperpression est tellement forte qu'un arrêt complet de la
sécrétion d’urine en résulte. Dans ce dernier cas,
trois mois suffisent à détruire ce rein.
En
cas d’arrêt complet de la sécrétion d’urine, la douleur
disparaît totalement et définitivement. C’est à ce
moment là que la consultation urologique peut sauver le rein.
En
cas de rein détruit sur syndrome de jonction, nous avons l’habitude
de dire que cette malformation est ancienne et même survenue «
in utero ». En fait, bien des jonctions sont acquises à l'âge
adulte et paradoxalement la disparition de la douleur n’est pas toujours
synonyme de guérison.
Il
est donc justifié de vérifier le retour du rein à
la normale après une crise. On peut réaliser une simple échographie
rénale.