Descente
d'organes (Prolapsus) Mise
à jour : janvier 2021
Évaluation
de mes résultats
Octobre 2016:
L'évaluation
de mes résultats fait parti de mon éthique : "Opérer
si c'est bien pour mes patients".
Je réalise
souvent la promontofixation et j'observe une fréquente satisfaction
de mes patientes, J'ai alors analysé mes 298 patientes opérées
par cœlioscopie avec un recul moyen de 3 ans.
Si 12% des patientes
sont peu ou pas améliorées, 80% sont très satisfaites.
On comprend bien que la descente d'organe n'est pas toujours le seul facteur
intervenant dans les troubles urinaires de la femme mais l'efficacité
de cette intervention est visiblement franche.
Parmi les femmes
opérées, 22% auront besoin secondairement de la phase 2 du
traitement (Bandelette verte TVT, voir en fin de page les explications).
Actuellement,
chaque femme opére recoit un questionnaire d'évaluation chiffré
pré-et- post-opératoire pour plus précisément
évaluer cette efficacité.
A ce jour, aucune
récidive n'a été observée Trois patientes (1%)
ont eu une érosion de bandelette dans la vessie. La répération
de cette érosion se fait par une nouvelle coelioscopie et ne met
pas en cause la suspension du montage. Le taux habituel de cette érosion
est en principe de 3,4 à 6% dans les études [Wagner L. Progrès
en urologie (2016) 26, S27-S37].
L'anatomie
Les organes du
pelvis de la femme sont soutenus par un hamac de muscles et de tendons.
Ce hamac est tendu entre le pubis et le sacrum. Le poids des organes abdominaux
(colon et grêle) s'ajoute au poids des organes. Durant toute la vie
de la femme, ce hamac est mis à contribution. Ce hamac est aussi
connu sous le nom de périnée.
Les
organes du pelvis et de l'abdomen sont soutenus par un hamac de muscles
(en rouge) et de ligaments (en vert) entre les extrémités
osseuses (en bleu).
Les
organes du pelvis : La vessie (en jaune), l'utérus (en orange) et
le rectum (en marron) sont en bonne place dans cette situation normale.
IRM
de profil d'une femme au pelvis normal. Les organes du pelvis sont en bonne
place au-dessus du hamac (en vert) qui les soutient.
Les lésions
De nombreux épisodes
de la vie de la femme peuvent détériorer le hamac musculo-tendineux
tendu entre le pubis et le sacrum. Ce n'est pas la faute de la femme.
Les éléments
favorisant sont les grossesses, les accouchements d'autant plus qu'il y
a forceps, le nombre de grossesse, la constitution familiale du bassin.
Il s'y ajoute éventuellement une prise de poids ou un manque de
sport. La rééducation après l'accouchement a surement
une action préventive.
Au fil du temps
le hamac se détend. Les anomalies surviennent parfois brutalement
avec rarement sensation de craquement.
La descente d'organe
(prolapsus) apparait alors physiquement mais la malposition de ces organes
entraînent aussi des gênes ou des irritations.
Tous les organes
peuvent être acteurs de ce prolapsus. La vessie (cystocèle),
l'utérus (hystéroptose), le rectum (rectocèle) et
le vagin restant après ablation de l'utérus. Dans ce dernier
cas, le vagin est retourné et sort de la vulve. Ce sont les organes
abdominaux (grêle) qui le repoussent au dehors (entérocèle).
Le ressenti
physique
La patiente ressent
ce prolapsus de façon très variable. Il est fluctuant dans
le temps. Suivant le moment de la journée ou de la semaine, elle
peut ressentir une gêne ou une "présence" vaginale ou franchement
une boule à la vulve.
La
cystocèle : La paroi antérieure du vagin soutenant la vessie
(en jaune) se déforme et finie par sortir de la vulve. Cette anomalie
peut parfois s'accompagner de fuites. Il existe une boule si la patiente
passe sa main en faisant un effort de poussée.
La
rectocèle : La paroi postérieure du vagin soutenant le rectum
(en marron) se déforme et finie par sortir de la vulve. Il existe
une boule si la patiente passe sa main en faisant un effort de poussée.
Le ressenti
irritatif
Les organes en
mauvaise position frottent l'un contre l'autre et s'entrechoquent.
Cette irritation
lors de la marche peut entraîner à force différents
signes : pesanteur pelvienne, brûlures pelviennes, besoins urgents
avec gouttes d'urine non retenues, incontinence d'effort, levers nocturnes
et douleurs pendant ou après les rapports. Parfois les rapports
sont impossibles.
Les pesanteurs
sont parfois dues à des adhérences dans le ventre étirées
par la descente d'organe.
Lorsque l'utérus
est trop mobile, il existe un maximum de signes lors du lever ou de la
conduite en voiture. Une miction impérieuse avec vidange complète
inopinée de la vessie peut être très invalidante.
Les mécanismes
de ce ressenti restent difficiles à expliquer. Il n’y a pas de lien
entre degré de descente de l’utérus et signes ressentis.
Un utérus peu descendu peut entraîner une forte gêne
tandis qu'une boule à la vulve ne peut donner aucun signe d’irritation
vésicale.
La
cystocèle et la rectocèle: La paroi antérieure du
vagin soutenant la vessie (en jaune) se déforme et finie par sortir
de la vulve tout comme la paroi postérieure du vagin soutenant le
rectum (en marron). Cette situation d'équilibre peut se traduire
par une irritation vaginale par frottements. Une incontinence peut être
cachée grâce à cet équilibre. Le soutien de
la rectocèle empêche la vessie de trop descendre et à
la fuite d'apparaître.
Le plus souvent,
ce n'est pas un mais plusieurs organes qui descendent. Le hamac est globalement
détendu. Les ligaments de l'utérus finissent par céder.
Il existe alors un conflit entre ces organes alors qu'aucune boule n'est
encore extériorisée.
L'examen vaginal
en position debout permet de quantifier ces descentes d'organes.
A gauche : Organes
en place. L'ensemble des organes, vessie, vagin, utérus et rectum
sont au-dessus de la ligne bleue et le vagin est en cheminée.
A droite : Parfois,
c'est l'ensemble Vessie-Utérus-Rectum qui descend. Le périnée
ne tient plus et les organes passent sous la ligne bleue (descente d'organes).
Le vagin est déformé par des replis.
Cette descente
provoque un conflit entre les différents organes et peut être
source de frottements inconfortables. La vessie est alors irritée
et une cystite chronique peut survenir.
La remise en
place de tous les organes en même temps supprimera ce conflit.
IRM
de profil d'une femme présentant une descente d'organes. La vessie,
le vagin et le rectum sont au-dessous de la ligne théorique (verte
et rouge). Le poids des viscères abdominaux agravent la chute des
organes.
Chute
de l'utérus vue de l'intérieur du ventre. L'utérus
est sorti du ventre. Il est dans le vagin et pèse sur la vessie
et le rectum tout en les attirant vers le bas.
L'utérus
est remonté dans le ventre, à sa place. Le vagin est de nouveau
libre. Il convient maintenant de fixer cet utérus pour qu'il ne
retombe pas. (Voir "Réparations").
Adhérences
entre colon et dôme vaginal. L'utérus a été
retiré et des adhérences sans importances sont apparues sur
la cicatrice vaginale. Lorsque le vagin chute en dehors du ventre (prolapsus),
ces adhérences attirent les organes digestifs et peuvent dans ce
cas provoquer des pesanteurs abdominales.
La
cystocèle et l'effet pelote: La paroi antérieure du vagin
soutenant la vessie (en jaune) se déforme et finie par sortir de
la vulve. Cette anomalie peut parfois s'accompagner de fuites, mais le
déroulement de la vessie peut lui même comprimer l'urètre
et masquer une incontinence. Il peut même parfois être responsable
d'une gêne à l'évacuation de l'urine (dysurie).
La
descente de l'utérus (hystéroptose) : L'utérus retenu
normalement par ses ligaments fini par sortir de la vulve en extériorisant
son col. Cette anomalie peu parfois s'accompagner de cystocèle,
de rectocèle et d'entérocèle (tube digestif). Dans
les cas extrêmes, vessie et uretères sont coudés et
une insuffisance rénale peut survenir.
Après
ablation de l'utérus, le vagin restant peut se retourner par le
poids de viscères (grêle et rectum) : une boule vaginale fini
par sortir de la vulve. On l'appelle entérocèle.
Les réparations
Il n'y a pas
de danger à présenter une descente d'organes. Dans les prolapsus
où l'utérus est entièrement extériorisé,
il existe une possibilité de dilatation des reins par plicature
des uretères. C'est très rare.
Si la femme se
plaint et est invalidé, une intervention pourra souvent la guérir.
Une fois les organes remis en place, la descente des organes disparaît
avec les frottements.
S'il reste ensuite
des signes, il faut rechercher une cystite chronique ou des maladies des
nerfs pelviens ou de la colonne lombaire.
L'ensemble des
anomalies doit être pris en compte avant toute décision opératoire.
Si la cystocèle
est petite, il est possible de faire une réparation par voie basse.
La
réparation de la cystocèle et la pose de TVT : Par voie vaginale,
on découpe la paroi vaginale antérieure et si besoin postérieure
excédentaire afin de reconstruire un canal vaginal. De cette façon,
les parois du vagin ne frottent plus l'une contre l'autre.
On place une
bandelette TVT (en vert) soutenant l'urètre (en jaune) afin de corriger
une incontinence associée.
Si la cystocèle
est grosse ou si l'utérus descend, mon choix est de proposer systématiquement
une réparation par en haut. Il me parait plus logique de "tirer
par le haut ce que l'on souhaite remonter".
C'est pour cela
que je propose la promontofixation. Cette intervention permet d'accrocher
les organes au ligament du promontoire. Ce ligament est très épais,
très solide et est en arrière du bassin.
Cependant, il
est important de savoir si des grossesses sont à envisager. Il n’est
pas conseillé de fixer l’utérus avec du matériel étranger
si l’on attend le déploiement de l’utérus lié à
la grossesse. Il est cependant possible de proposer une alternative par
auto-fixation de l’utérus à l’aide de ses propres ligaments
(voir au bas de cette page : « La réparation chez la femme
en âge de procréer ».
Passage
d'un fil non résorbable (permanent) dans le ligament du promontoire
(bassin)
Les bandelettes (sorte de
voile de mariée) sont glissées entre la vessie et le vagin
en avant et éventuellement entre le vagin et le rectum en arrière.
Au bout d'un mois, ce matériel
non résorbable est entourée d'une fibrose très solide.
La fixation est alors soudée définitivement.
Exemple
de réparation de l'hystéroptose (chute de l'utérus)
tout en gardant l'utérus. Par voie intra-abdominale, on place 2
bandelettes (en bleu) autour du vagin. On accroche l'ensemble au ligament
du bassin. On peut placer éventuellement par voie basse une bandelette
TVT (en vert) qui évite l'incontinence.
Fixation
de l'utérus et de la vessie. La bandelette est interposée
entre la vessie et le vagin puis passée sur le coté de l'utérus
et enfin fixée au bassin plus haut. (C'est la bandelette bleu antérieure).
Fixation
du rectum et du vagin postérieur (le Douglas). A gauche, une valve
repousse la paroi du vagin postérieure. Cette paroi est fine et
peut-être responsable d'un prolapsus postérieur. A droite,
on sépare le vagin du rectum afin d'interposer une bandelette qui
solidifiera cette région postérieure (c'est la bandelette
bleu postérieure).
L'utérus
reste ainsi dans le ventre et ne retombe plus.
La bandelette
est enfouie pour que le tube digestif ne s'étrangle pas en passant
dessous.
Exemple
de réparation de l'entérocèle (chute du vagin) et
d'une cystocèle avec rectocèle : Par voie intra-abdominale,
on place 2 bandelettes (en bleu) autour du vagin et on accroche l'ensemble
au ligament du bassin. Etant donné que l'on attire les organes en
haut et en arrière, il est possible d'associer d'emblée ou
ultérieurement une bandelette TVT (en vert) afin d'éviter
de démasquer une incontinence après réparation.
Chute
du vagin après ablation de l'utérus (entérocèle).
Une valve dans le vagin repousse les parois du vagin. La vessie est en
haut avec le relief du ballonnet de la sonde vésicale. Ce dôme
vaginal est à accrocher vers le haut pour éviter qu'il ne
retombe.
Aspect
en fin d'intervention cœlioscopique. La bandelette est fixée au
vagin puis passe sous le péritoine par la droite (visible par transparence)
pour rejoindre le ligament du bassin. Le vagin est donc suspendu par le
haut. Le colon à gauche garde tout son espace de liberté.
IRM
de profil d'une femme opérée. La vessie, le vagin et le rectum
sont de nouveau au-dessus de la ligne théorique (verte). La bandelette
en rose est verticalisée et retient le vagin et les organes.
En position
debout, le vagin a retrouvé sa direction et sa forme normale.
Les réparations
en plusieurs phases
Si les organes sont bien
fixés en arrière, l’urètre reste mobile et peut s’ouvrir
à la marche et provoquer une perte d’urine qu’il n’y avait pas avant.
La patiente doit alors être prévenue que la correction de
la descente des organes peut "décompenser" un équilibre instable
et démasquer une incontinence d'effort inexistante auparavant.
Il n’est pas possible
d’anticiper ce risque. L’analyse des signes de la patiente est parfois
délicate.
L’incontinence peut être
secondaire à l’effort ou à l’envie urgente. La part de chacun
de ces mécanismes est variable et est donc difficile à évaluer.
Il n’est pas recommandé
de mettre la bandelette verte anti-incontinence d’effort préventivement.
En effet, il existe un risque de blocage urinaire post-opératoire
nécessitant de détendre la bandelette. La patiente subirait
alors les effets d’un excès de traitement.
Ainsi, le traitement des
troubles pelviens peut se faire en une ou deux phases.
Les bandelettes bleues
et vertes peuvent être
mises en place dans la même opération car il y a une descente
d’organe et une vraie perte d'urines à l’effort.
La verte
peut être mise d’abord pour incontinence et les bleues
seront mises en cas d'apparition de signes de descente d’organe.
De même, s’il apparait
ou s’il persiste une incontinence après la pose des bleues,
la bandelette verte viendra corriger
le problème lors d’une seconde intervention en ambulatoire avec
incision seulement au nivea du vagin. Ce n'est pas un manque au premier
traitement. C'est un complément requis par l'anatomie de la patiente.
Cette intervention est utile dans moins d'un cas sur 4. On ne doit pas
mettre la bandelette verte par "prévention" au risque de provoquer
une rétention d'urine par sur-traitement.
Cette prise en charge séquentielle
permet de donner un traitement personnalisé et sans excès.
A
gauche, la descente de vessie empêche la perte d'urine en écrasant
l'urètre. A droite, la bandelette sous tension tire la paroi de
la vessie et favorise l'ouverture de l'urètre. si l'incontinence
était latente, elle peut être démasquée en post-opératoire.
Le complément de traitement par pose de bandelette TVT guérira
la patiente de cette incontinence.
La réparation
chez la femme en âge de procréer
Il n'y a pas de danger à
présenter une descente d'organes. Mais elle peut être très
invalidante pour la patiente socialement ou intimement. Il reste parfois
de nombreuses années avant qu’elle décide de ne plus procréer.
En cas de grossesse, les bandelettes pourraient être coupées
par cœlioscopie, mais il vaut mieux éviter d’arriver à cette
situation.
Dans le cas de descente d’organe
chez une femme en âge de procréer, les ligaments de l’utérus
sont détendus. Je propose alors de remonter l’utérus par
voie basse en le fixant à ses propres ligaments. En remontant vers
la racine des ligaments, on retrouve des tissus plus épais et donc
plus solides.
La grossesse est alors possible
mais détruira le montage.
Si la patiente ne devient
pas enceinte, le montage pourra tenir plusieurs années et permettre
à la patiente de vivre plus agréablement. Les ligaments étant
visiblement fragiles, la récidive est malheureusement attendue dans
le temps.
Fixation de
l’utérus aux ligaments postérieurs chez la femme en âge
de procréer. Les ligaments utilisés se situent entre le sacrum
et l’utérus (ligaments utéro-sacrés). Ces derniers
étant détendus par le poids des grossesses, les ligaments
sont sectionnés puis cravatés en avant de l’utérus.
La partie haute de ces ligaments plus épaisse permet un point d’ancrage
plus haut et plus solide pour l’utérus.
Globalement, après
cette intervention la satisfaction de la femme est franche.